🎙️ Synthèse – Parlons Laïcité 010 : « Laïcité & Caricatures » avec Jancry

Jancry – dessinateur de presse & artiviste. Membre du réseau Cartooning for Peace, il utilise la caricature comme outil de débat citoyen, de facilitation graphique et de pédagogie visuelle.

Trame de l’épisode (≈ 1 h 45, janvier 2022) YouTube

Caricature & liberté d’expression

• Rappel de la loi française du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse : la satire et la caricature bénéficient d’une très large protection, limitée surtout par la diffamation ou la provocation à la haine. Légifrance
• Laïcité comme “cadre protecteur”La caricature n’est pas une religion ; dans l’espace public laïc, elle permet de critiquer toutes les idées sans cibler les personnes. Jancry souligne que la neutralité de l’État garantit ce droit tout en empêchant qu’un culte impose sa norme de représentation.
• Dessin au service du dialogueFacilitation graphique : capter en direct les échanges (réunions, séminaires) et restituer visuellement enjeux et consensus. Selon lui, “un schéma vaut 1 000 mots et désamorce 1 000 malentendus”.

Pédagogie & formation

• Ateliers dans les écoles, entreprises ou administrations : apprendre à croquer une idée aide les publics à s’approprier les principes républicains (dont la laïcité) et à développer l’esprit critique.
• Limites & responsabilités - Ne pas “caricaturer les personnes vulnérables”, respecter la dignité.

- Vérifier le contexte pour éviter les amalgames.
- Se former au droit de la presse : “le crayon est libre, mais le dessinateur reste responsable devant la loi”.

Conclusion

La laïcité et la caricature sont deux piliers d’une même ambition : permettre à chacun d’exprimer, de questionner et de rire sans crainte d’un dogme dominant. Jancry invite les organisations à “mettre un stylo dans chaque main” pour rendre le débat plus créatif et apaisé.

Punchlines marquantes

• « Dessiner, c’est faire respirer la laïcité. »
• « Le trait d’humour coupe plus net qu’un long discours. »
• « Une caricature n’impose rien : elle propose un pas de côté. »

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Qui est l’invité ?

Dominique Peljak : directeur d’hôpital en région parisienne, ancien élève de l’ENSP (École nationale de la santé publique) et auteur de nombreux ouvrages techniques, dont Les droits du patient hospitalisé (2003) et La gestion de pôle à l’hôpital (2007). Eyrolles

Spécialiste reconnu du droit hospitalier, il milite depuis vingt ans pour une définition claire du principe de laïcité dans les établissements de santé.

Fil conducteur de l’entretien : Cadre juridique

Rappel de la loi du 9 décembre 1905, du Code de la santé publique (art. L1110-3 : égalité d’accès) et de la Charte du patient hospitalisé (1995, art. 1 & 7) qui impose l’accueil de tous, le respect des convictions et la neutralité du service public hospitalier.

Droits… et obligations des patients

Liberté de conscience garantie : présence de ministres du culte, repas adaptés, espaces de recueillement. Limites : interdiction du prosélytisme et respect des règles d’hygiène, de sécurité et d’organisation des soins.

Neutralité des personnels

Les agents sont astreints à une stricte neutralité de comportement et d’apparence ; ils doivent gérer les demandes religieuses sans léser les autres usagers ni perturber le fonctionnement des services.

Cas pratiques

• Refus de transfusion par des Témoins de Jéhovah : équilibre entre consentement, sauvegarde de la vie et responsabilité médicale (arrêt CE Feuillatey, 2002).
• Demande d’être soigné par un praticien d’un sexe donné : rappel par Peljak qu’on ne peut « récuser un agent » dans un service public.
• Couloirs transformés en lieux de prière, pression sur soignants « supposés d’une autre confession » : exemples concrets et réponses organisationnelles.

Gestion managériale

Nécessité de former tous les cadres et soignants au « droit de la laïcité » ; formaliser un règlement intérieur hospitalier précisant les droits et devoirs des patients ; travailler avec les aumôneries dans un cadre contractuel clair.

Perspectives Peljak plaide pour un « volet hospitalier » dans une future loi sur la laïcité afin de sécuriser juridiquement les directeurs d’établissement, et pour des campagnes nationales de pédagogie rappelant que la laïcité protège d’abord la liberté de chacun.

Messages forts de Dominique Peljak

« L’hôpital accueille toutes les croyances, mais aucune ne peut imposer ses règles au service public. »

« Nous passons trop de temps à négocier ce qui relève de la loi : la neutralité est non négociable. »

« La laïcité hospitalière a deux faces : elle garantit le soin sans discrimination et rappelle les obligations des usagers. »

Pourquoi cet épisode compte

Actualité : tensions croissantes autour des demandes cultuelles, pénurie de soignants, besoin de repères clairs pour protéger le temps infirmier et médical.

Approche pédagogique : l’expertise juridique de Peljak rencontre le vécu concret des équipes de terrain, donnant des repères utiles aux professionnels de santé, aux patients et aux décideurs publics.

Nadia Geerts : licenciée en philosophie (ULB), chroniqueuse à Marianne, figure du mouvement laïque en Belgique, auteure de Neutralité ou laïcité ? La Belgique hésite (Luc Pire, 2022).

Depuis 2021, conseillère au Centre Jean Gol (Mouvement Réformateur) sur les questions de neutralité de l’État.

2. Le cœur de l’échange

Neutralité belge vs laïcité française

La Constitution belge ne parle que de « neutralité » : l’État s’interdit de privilégier un courant, mais ne réclame pas de stricte séparation comme en France. Pour beaucoup de Belges, la laïcité « à la française » paraît trop rigide.Marianne

Histoire d’un compromis

Depuis 1830, la neutralité est le fruit d’un deal entre cléricaux et libéraux ; elle a permis une cohabitation pacifiée mais laisse aujourd’hui un flou sur l’espace public (voile, crucifix, etc.).

Le « voile » à l’école et dans la fonction publique

Plusieurs décisions de justice opposent une « neutralité d’apparence » (interdiction des signes) à une neutralité seulement « fonctionnelle » (permettre le voile si le service est impartial). Cas emblématique : la Haute École Francisco Ferrer (2020-2021).Marianne

Risque de communautarisme, l’absence de cadre clair favorise un « puzzle communautaire », affaiblit l’identité civique commune et complique la lutte contre les extrémismes.

Que faire ?

• Inscrire la laïcité ou au moins la neutralité d’apparence dans la Constitution.
• Former tous les agents publics à la neutralité.
• Lancer un vrai débat citoyen, pas réservé aux experts.

3. Quelques sorties marquantes

« On ne peut pas demander à un employeur public d’être neutre si l’employé arbore un signe militant » – rappel du principe de neutralité d’apparence.

« La Belgique a confondu respect de la diversité et abdication des valeurs communes » – critique du multiculturalisme belge.

« La laïcité, ce n’est pas être ‘contre les religions’, c’est garantir à chacun la liberté de croire ou de ne pas croire » – message pédagogique adressé aux jeunes.

4. Conclusion de l’épisode

Nadia Geerts plaide pour une clarification constitutionnelle, seule façon selon elle d’assurer une égalité réelle des citoyens et de prévenir les tensions futures. Le public est invité à lire son dernier ouvrage pour approfondir les pistes de réforme.

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